Discours à Lecce sur la démocratie supranationale

L’Europe comme laboratoire de solutions démocratiques supranationales ?

Discours prononcé à Lecce (Italie) le 27 avril 2018 par Audric Alexandre:

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« Pour commencer, je tiens à remercier l’Université du Salento, la Professeure Susanna Cafaro et tous ceux qui ont participé à l’organisation. Je tiens à remercier en particulier les traducteurs qui ont permis à la langue italienne d’exister dans ces débats.

Hier, nous avons commencé ce colloque en rêvant de démocratie supranationale et Susanna a ouvert la réflexion en parlant d’être inclusif. Si nous souhaitons vraiment que les citoyens soient impliqués dans une démocratie supranationale, qu’elle soit européenne ou mondiale, la première des conditions est que ceux-ci comprennent. Qu’ils comprennent les enjeux, les débats, et les propositions. Si les citoyens n’arrivent pas à comprendre cette démocratie, alors ils ne feront que s’en éloigner et la détruire.

Dans l’Union européenne d’aujourd’hui, il est devenu très à la mode de faire des conférences de haut niveau exclusivement en anglais sans proposer de traduction ni même dans la langue de l’Etat d’accueil de la conférence. On peut faire mieux en matière d’inclusion, et ce colloque en est la preuve. Est-ce que vous imaginez une seconde l’organisation d’un congrès international aux Etats-Unis, à destination des citoyens américains, en chinois sans traduction ?

Le multilinguisme est le premier point sur lequel nous pouvons considérer PACE comme un laboratoire de démocratie supranationale. Nous expérimentons un fonctionnement aussi multilingue que possible. Nous essayons, nous nous efforçons, et nous nous améliorons un peu plus à chaque fois !

Nous sommes bien un laboratoire expérimental de la vie politique européenne. PACE est un parti européen, créé en 2007 à Bruxelles directement à l’échelon européen sous la forme d’une « association internationale de droit belge » ou « aisbl ». Par « européen », je ne parle pas seulement de son idéologie, mais aussi de sa structure, son fonctionnement, et l’origine de ses membres.

Pourquoi avoir créé PACE (Parti des Citoyens Européens) ? L’idée est simple : si nous voulons l’unité politique européenne, les citoyens doivent s’approprier la construction de l’édifice, sinon ils le verront comme un corps étranger à combattre. Et comme nous parlons de projet européen, et non d’un projet national, ce sont les citoyens européens qu’il nous faut impliquer. Pour moi, l’idée d’un parti européen semble évidente. Mais si nous regardons la Belgique ou l’Allemagne, dans lesquels nous trouvons des partis non pas nationaux mais régionaux, on se rend compte que l’idée n’est pas évidente pour tous. Encore une fois, est-ce que vous imaginez aux Etats-Unis des partis politiques différents dans chaque Etat fédéré ?

La vocation de PACE est d’identifier et de défendre l’intérêt général européen, en participant aux élections avec un programme unique, élaboré par des membres de diverses nationalités.

En juin 2017, nous avons participé pour la première fois à des élections, les élections législatives françaises. Aux prochaines élections européennes de juin 2019, nous présenterons des listes dans 4 Etats dont ici, dans la circonscription Meridionale, avec notre candidate Maria Pia.

Nous expérimentons, patiemment et sérieusement, aussi au niveau administratif. Le droit européen et les droits nationaux ne connaissent pas les « partis européens » en tant que tels. Nous nous développons donc dans un vide juridique qui nous cause bien des problèmes notamment au niveau des dons et du financement. Respecter les règles de financement dans un Etat membre signifie parfois violer le droit d’un autre Etat membre. Nous expérimentons.

Pour les élections européennes de 2019, nous expérimenterons aussi une nouvelle façon de faire campagne. Nous soutenons le système du Spitzenkandidat pour la présidence de la Commission européenne, utilisé pour la première fois en 2014, faisant passer l’Europe d’un système de démocratie papale à un système de démocratie parlementaire.

L’Europe est un laboratoire de la démocratie supranationale, regardé et imité dans le monde entier. Le projet européen ne peut pas, et ne doit pas s’écrouler. Il faut proposer de nouvelles idées. Peut-être que les partis politiques européens sont la nouvelle idée que nous pouvons partager avec le monde.

Merci
Audric ALEXANDRE